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Le vendredi 30 mars 2007
Un syndicat éclectique
Annie Morin, Le Soleil
Des avocats, des artistes, des entrepreneurs, des infirmières, même des journalistes. Une poignée à temps plein, une grosse majorité à temps partiel. Le Syndicat des chargés et chargéesde cours de l’Université Laval (SCCCUL) est éclectique, éclaté, au point de compter dans ses rangs des éléments carrément antisyndicaux.
« Ce syndicat est absolument incroyable. On a des gens de toutes les tendances, de toutes les nationalités. Des fois, j’ai un peu l’impression de gérer le Québec », confie Martin Courval, président du SCCCUL.
Cette diversité n’est pas un obstacle au bon fonctionnement de l’organisation, dit-il, car « ultimement, on défend tous la même grande valeur, la qualité de l’enseignement ». N’empêche, plusieurs chargés de cours n’ont aucune culture syndicale. Certains ont même les syndicats en travers de la gorge. Pensons notamment aux patrons qui donnent des cours en administration et en relations industrielles. Pour lutter contre les préjugés, M. Courval choisit l’information. « On dit tout, on explique. »
En bout de ligne, le Syndicat travaille toujours avec les mêmes intéressés. Des 2000 chargés de cours de l’Université Laval, dont 900 étaient actifs pour la session d’hiver, environ 500 se sont inscrits comme grévistes. Les assemblées générales attirent plus ou moins 300 fidèles, un noyau dur composé majoritairement des syndiqués dont l’enseignement est le principal gagne-pain.
Les chargés de cours qui ont déjà un boulot à temps plein sont plus difficiles à mobiliser et les autres, qui n’y croient pas, se tiennent loin. En médecine dentaire, par exemple, les chargés de cours sont en grande majorité des dentistes possédant leur propre cabinet privé. Résultat : il y en a trois qui tiennent des pancartes sur une possibilité de 80 !
Depuis le début du conflit, le 14 mars, le SCCCUL tire sur les rênes de ses membres zélés. Interdit de donner son cours sous peine d’infraction au Code du travail. Interdit de poursuivre l’enseignement à distance. Interdit de ramasser ou de commander des travaux. Interdit de communiquer avec les élèves.
« On essaie de prévenir plutôt que guérir. Nous tissons des liens très proches avec les étudiants et, parfois, les chargés de cours qui viennent d’arriver sur le campus peuvent être tentés de les maintenir », explique Puma Freytag, vice-président à la vie syndicale, qui invite tout ce beau monde à manifester son mécontentement à la haute direction de l’Université Laval.
Pour toucher une allocation de grève de 175 $, les syndiqués doivent effectuer un minimum de sept heures d’activités militantes hebdomadaires. Les militants les plus actifs et ceux qui ont des enfants voient leur rémunération grimper jusqu’à un maximum de 250 $. En 2004, le protocole de retour au travail prévoyait la reprise de toutes les activités d’enseignement manquées pendant la grève et donc aucune réduction de salaire. Résultat : la session a été plus payante pour les grévistes dûment inscrits !